Lever de soleil à Benares

6 avril 2006

5h15, on s’extirpe de notre lit, non sans mal …

5h30, nous sommes devant l’hotel, pas de Moogli.

5h40, toujours personne. On décide de l’attendre devant le ghat de notre hôtel, où il nous attend peut-etre …

5h50, il ne s’est pas réveillé ou quoi? Mais non, c’est sûrement du retard … on espère encore … mais au fur et a mesure que l’espoir descend, notre énervement grimpe. Il ne nous aurait pas posé un lapin quand même, alors qu’on a decidé de lui laisser nous prouver qu’on s’est trompé hier et qu’il ne s’est pas moqué de nous!

6h. Moogli n’est pas là. Nous sommes furieux. Surtout qu’à l’attendre, le soleil s’est leveésur le Gange et qu’on pensait bien etre sur le bateau a ce moment là!

6h10. On finit par accepter la proposition de bateau qu’un homme nous fait depuis une demi-heure. On monte dans le bateau mais il en descend aussitôt et un autre homme monte, pas bien reveillé d’ailleurs, avec un garçon qui semble être son fils.
C’est quoi encore ce méli-mélo? 
Le 1er homme devait être un rabatteur …. Il va falloir qu’on se méfie plus en Inde, ca n’est plus la Birmanie, c’est sûr, on est trop en confiance.

Au bout de 5 minutes de bateau, on trouve que quelque chose cloche … mais oui, le rameur ne rame presque pas. On n’avance pas!
Tous les bateaux nous dépassent, et sans être une course de vitesse, on fait plutôt du sur place. Il baille à s’en décrocher la machoire, prend une rame, puis la laisse, puis l’autre, puis arrête carrément pour regarder autour ce qui se passe … on n’en revient pas!

A ce rythme là, on ne va pas voir grand chose même avec 2 heures de balade. Le summum est atteint lorsqu’il passe la rame à son jeune fils, qui visiblement ne sait pas ramer, et au lieu de nous faire avancer, le bateau se met a tourner sur lui-meme comme une girouette!
On nage en plein délire! Il apprend à ramer a son fils alors que nous le payons pour une balade le long des ghats. Incroyable!

Comme nous ne sommes pas très loin du ghat où on a embarqué, on lui demande de nous déposer et d’arrêter la la balade. Il nous jette des regards mauvais mais s’éxecute.
Le rabatteur nous voit accoster et est surpris. On lui explique que si son rameur ne veut pas travailler, on prendra un autre bateau …

Mais non, nous dit-il, restez, je vais vous faire moi-meme la balade. Nous repartons avec lui, qui est tout sourire et nous donne meme des explications en anglais. On finit par se calmer et le reste de la balade se déroule sans probleme.
Le spectacle le long des ghats à cette heure est impressionnant. Une foule immense se baigne, prie dans l’eau et fait ses ablutions. D’autres lavent déja leur linge … ou prennent de l’eau dans des jarres (pas pour la cuisine, on espère …).

Nous avons une vue completement différente de celle qu’on a lorsqu’on se promène sur les ghats. C’est magique.
La vision de ces femmes, dans leurs saris multicolores, descendant les marches vers le Gange, parait sortie d’un reve. Partout de l’encens brûle, des fleurs à pétales orange sont jetées sur le fleuve et flottent delicatement à la surface.

Quel spectacle étrange et envoutant pour nos yeux de profane! Non loin de là, le ghat principal de cremation où les cendres des hindous seront ensuite deversées dans le Gange. 2000 corps sont bruléss chaque jour dans la ville …
Dans l’eau pres de nous, un cadavre de buffle flotte.

Du Gange monte une immense clameur, celle de la ferveur de tous ces gens assemblés ici, animés par leur foi intense. Benares, ville sainte, entourée de mystère, où la vie côtoie à tout moment la mort …

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