Une nuit sur l’île des Uros, au lac Titicaca

13 septembre 2006

Nous avons laissé nos gros sacs à l’hôtel et prenons uniquement nos petits sacs pour aller passer 3 jours sur les îles côté péruvien. Arrivés au port de Puno, il y a plusieurs rabatteurs qui nous proposent d’aller sur les îles.
On choisit le bateau public pour les îles Uros surnommées les îles flottantes. Ces îles sont uniques au monde. Elles sont confectionnées avec les roseaux (totara) qui poussent en abondance dans les eaux peu profondes du lac Titicaca et qui sont disposés en couches successives que les indiens uros complètent sans cesse depuis le sommet à mesure que les couches inférieures pourrissent.

Ainsi, lorsque l’on pose pied dessus la première fois, la sensation éprouvée est très étrange car le sol est souple et élastique et on s’enfonce un peu. De même, en marchant, on a un peu l’impression de rebondir !
Les uros se servent aussi des roseaux pour bâtir leurs maisons et leurs bateaux dont les plus beaux ont la tête d’un puma. Chaque île est toute petite et il y en a 36 en tout, peuplées par 10 familles uros. Les uros vivent tant bien que mal de la pêche et surtout du tourisme en vendant leur artisanat aux touristes. 

Le bateau nous arrête à 3 îles différentes. On se sent un peu mal à l’aise de débarquer comme ça a chaque fois chez les gens. Ca fait un peu voyeur quand même.
Et qu’en pensent les uros ? Voir débarquer comme ça chez eux des hordes de touristes, tous les jours, descendant des bateaux pour un quart d’heure….. D’un autre sens, ils ont besoin de vendre leur artisanat pour survivre.

On demande au capitaine du bateau à quelle heure est le bateau pour l’île d’Amantani, où nous voulons dormir ce soir. En fait, les bateaux pour Amantani partent tous à 8h. Ce qui fait  que c’est râpé pour aller sur Amantani aujourd’hui.
Il nous reste 2 solutions : rentrer sur Puno aujourd’hui ou dormir sur les îles uros et  nous optons pour cette dernière solution. Le bateau nous laisse donc sur la dernière île et une indienne nous prend immédiatement en charge. Elle enlève ses affaires de sa hutte qu’elle va nous louer pour la nuit. Le prix est de 15 soles par personne (4 dollars) avec les 3 repas compris.

Tout de suite, l’ambiance est complètement différente par rapport au moment où nous n’étions que de « simples » touristes au milieu de tant d’autres sur les bateaux. Alors que les indiennes ne faisaient pas attention à nous auparavant, elles sont maintenant toutes autour de nous, vieilles comme jeunes, nous posant mille questions. 
Nous répondons tant bien que mal avec notre espagnol limite mais nous passons un très bon moment à rire. Elles sont très curieuses. Toutes les femmes de l’île sont là, puis quelques unes retournent dans leurs huttes, tandis que notre hôtesse et sa fille aînée restent à broder près de nous.

Puis elles nous préparent  le déjeuner : poisson frit, pommes de terre longues et un peu sucrées, et d’autres noires et rondes (pas très bonnes), salade et tomate. Apres le repas, de nombreuses barques accostent sur l’île San Pedro, amenant les indiens des autres îles.
En fait, il y aune réunion avec le président du comite des îles uros.
Il fait un long discours. On ne comprend pas beaucoup mais il parle souvent d’argent.

Les indiens sont assis en cercle et leurs femmes sont près d’eux et brodent. Chacun prend la parole à son tour pour exprimer son opinion. Les femmes ne parlent pas mais félicitent leurs maris lorsqu’ils se rassoient.

Un autre couple de jeunes touristes débarque à 14h et on les installe dans une autre hutte à l’opposé de la notre. Nous sommes presque déçus de ne pas être les seuls touristes à dormir sur l’île.
La réunion dure toute l’après-midi jusqu’au coucher du soleil où le président clôture la session en exhibant 2 gros cartons qu’il s’empresse de déballer. Nous sommes curieux de voir ce qu’il y a dedans…. Des vivres pour une petite fête ce soir ? Eh bien non, on n’en croit pas nos yeux lorsque l’on voit un ordinateur dernier cri avec son imprimante flambant neuf. C’est incroyable.

Que vont bien pouvoir en faire les uros alors qu’ils n’ont pas l’électricité sur l’île ? On reste médusés tandis que le président répète à tout va que c’est une machine très moderne. Franchement, ça doit faire une belle jambe aux uros !
L’autre couple de touristes vient nous voir pour nous demander si nous avons déjeuné. Ils n’ont rien eu et n’ont pas osé demander quelque chose à manger . Les pauvres, ils sont affamés !

A 19h, on nous sert un grand bol de riz blanc avec un œuf au plat huileux dessus. On se force un peu mais ça a du mal à passer.
On demande à notre hôtesse une « porte » pour la nuit car il n’y a rien pour fermer notre hutte pour la nuit qui s’annonce fraîche, le lac Titicaca étant tout de même à 3800m d’altitude ! Elle semble étonnée par notre requête et cherche visiblement une idée. 

Elle revient un peu plus tard avec une couverture qu’elle attache tant bien que mal pour fermer la hutte et elle nous laisse une bougie sur une brique pour nous éclairer, ce qui ne nous rassure pas beaucoup quand on sait que tout est en roseau !
Quand on lui demande où sont les toilettes, elle répond qu’on peut aller ou l’on veut mais qu’il faut faire attention en bordure de l’île… de ne pas s’enfoncer dans l’eau !

On prépare nos sacs de couchage qu’on dispose sur le « lit » fait de longs roseaux. En fait, la hutte est en pente, ainsi que le lit et on se demande comment on va faire pou ne pas glisser pendant la nuit….

Au moment de se déshabiller, plusieurs enfants de l’île poussent notre pseudo-porte et entrent en trombe. Visiblement ils n’ont aucune notion du mot intimité, peut-être parce qu’ils sont tellement habitués à vivre en communauté. Bon, il faudra faire attention pour se déshabiller. Une bonne petite nuit en perspective…

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