Arequipa, la belle coloniale et l’incroyable monastère de Santa Catalina

1 septembre 2006

Le matin, on se promène dans le centre-ville d’Arequipa, une ville magnifique surnommée la ville blanche, en raison de ses beaux édifices bâtis en sillars, une roche volcanique claire qui scintille au soleil.
La ville est nichée dans une vallée au pied du volcan El Misti (5822m) et plus loin on aperçoit le Chachani (6075m) et ses neiges éternelles.

Il y a beaucoup de très belles maisons coloniales, aux façades sculptées, balcons en fer forgé avec de petits patios. C’est vraiment magnifique. On se pose un peu sur la très belle Plaza de Armas, dominée par la cathédrale, toute blanche. 
Des centaines de pigeons ont élu domicile ici, on se croirait à Paris.

La Plaza de Armas, c’est vraiment le RDV où tout le monde se retrouve, touristes, familles assises sur des bancs à déguster une glace, petits vieux qui prennent le soleil. Et puis il y a les photographes avec leur Polaroïd, les vendeurs de glace ou de gélatine, les cireurs de chaussures, des enfants en majorité…
C’est vrai qu’on a envie de prendre son temps ici, de s’attarder, de se laisser vivre…

Près de la place s’élève l’église La Compania où l’on va admirer la jolie chapelle San Ignacio avec une superbe coupole polychrome et des murs recouverts de fresques évoquant la jungle peuplée d’oiseaux extraordinaires aux mille couleurs, de fruits inconnus, de fleurs gigantesques.
A midi, impossible de résister au ceviche (fruits de mer et poisson marines dans du jus de citron), un de nos plats préférés.

L’après-midi est consacrée à la visite de l’extraordinaire couvent de Santa Catalina, de presque 20 000 mètres carres, qui constitue une ville dans la ville d’Arequipa. Il fut construit en 1580 par une veuve fortunée qui choisissait avec soin ses nones.
Elle n’acceptait que des jeunes filles issues des meilleurs familles espagnoles, qui devaient apporter une dot substantielle de 2400 pièces d’argent. Celles qui ne pouvaient payer que la moitié de la dot étaient appelées les religieuses de voile blanc, par opposition aux autres qui étaient les religieuses de voile noir.

Bien évidemment, ces dernières avaient beaucoup plus de privilèges. Elles avaient leur propre maison, avaient accès au parloir privé ou elles étaient seules tandis que les religieuses de voile blanc devaient partager une maison à plusieurs et n’avaient accès qu’au parloir communautaire ou leur conversation était surveillée par une autre soeur.
Ainsi dans ce couvent, l’argent créait une hiérarchie, ce qui peut sembler en totale opposition avec la fonction d’un couvent!

Chaque religieuse disposait de une à 4 servantes, qui logeaient dans les maisons respectives de leurs maitresses, et s’occupaient de la cuisine, du ménage, du linge.
Il y’ a 80 maisons de religieuses à Santa Catalina, 5 rues, 1 cimetière, une église, une place principale avec une fontaine ou se déroulait une fois par semaine un petit marché et 3 patios principaux.
Dans les maisons des religieuses, nous sommes surpris de voir un petit jardin, un coin salon avec de jolis tables et chaises, de la belle vaisselle de porcelaine.

En fait, elles s’invitaient régulièrement à manger ou pour le thé, enfin entre religieuses de même niveau social! Vraiment, un couvent atypique…
La promenade dans les rues du couvent est tout simplement magique car tous les murs sont peints dans de splendides couleurs orange, bleu profond et blanc. Il y a de jolies arcades, des petites ruelles blanches qui ne sont pas sans rappeler certains coins d’Andalousie…

Mais évidemment, ce temps de clémence ne pouvait pas durer éternellement et 300 ans après sa création, le Pape envoya la soeur Josefa Cadena, une dominicaine austère, pour restaurer la discipline. Elle arriva comme un ouragan en 1871, renvoya les dots en Europe, et libéra les servantes dont beaucoup restèrent comme nonnes.
Les religieuses durent évacuer leurs maisons pour vivre toutes ensembles avec un dortoir et un réfectoire collectif. Le bon temps était fini! Et les soeurs ne s’aventurèrent plus jamais à l’extérieur des hauts murs du couvent….

Traditionnellement, c’était la 2eme fille des familles riches qui était envoyée au couvent, la 1ère devant se marier, et la 3ème ayant pour tache de s’occuper de ses parents.
Ceux-ci étaient fiers d’y envoyer une de leur fille car d’abord, elle était spirituellement chargée de s’occuper des péchés de la famille, et de plus, c’était une preuve de leur position sociale en raison du caractère très sélect du couvent et de la somme considérable exigée comme dot.

La fille, elle, n’avait pas vraiment le choix, car si elle refusait, sa famille la déshéritait et alors qu’aurait-elle fait sans argent, quand elle était habituée à un certain confort. Au moins, au couvent, elle pouvait continuer à mener une vie facile avec ses servantes.

Nous prenons un plaisir fou à arpenter les adorables ruelles de ce couvent à l’histoire si particulière, à découvrir d’étonnants jardins, de charmants patios à arcades, le tout dans des couleurs incroyables, magnifiées par cette lumière de fin d’après-midi…
Vraiment un couvent extraordinaire!

Le soir, nous retrouvons Dorothée et Christophe qui sont revenus de leur trek dans le Canyon de Colca, et allons diner ensemble.

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