Arrivée chez les Mentawaï, l’île des hommes fleurs

26 juin 2006

Nous arrivons vers 6 heures au sud de l´ile. Dur, dur de se lever. Le bateau sert aussi à approvisionner l´ile en produits finis. 
Ainsi, des hommes déchargent une mobylette bleue neuve et on voit arriver la propriétaire, ravie, qui, visiblement est tombée de son lit car elle est en pyjama et ne peut s´empêcher de grimper sur son engin avec son beau casque assorti !

Nous nous mettons tous en marche et traversons le premier village pour arriver à une maison désignée par Ed, pour y prendre notre petit déjeuner. 
En voyant Ed discuter avec une jeune femme sur un ton plus qu’amical, nous devinons tout a coup qu’elle est sa femme.

Il nous avait effectivement dit qu’il s´était remarié avec une jeune fille de Siberut, de 19 ans (il a 38 ans …). A la voir, on lui donnerait à peine 17 ans. Sacré Ed !!!

En se remettant en marche on s´aperçoit qu’elle vient aussi. Ferait- elle le trek avec nous ? Ed ne nous a rien dit à ce sujet mais il n´a pas l´air très fort en communication …
Nous arrivons près d´une rivière où une pirogue à moteur nous attend. Aux commandes, il y a Robert (est- ce son vrai nom ?), un charmant Mentawaïs qui a un large sourire, même s´il ne lui reste plus beaucoup de dents …

Il est très fier de nous raconter qu’il est parti une semaine en Europe (Paris, Bruxelles, Berlin, …) avec d´autres Mentawais, pour faire un spectacle de danses traditionnelles. Incroyable ! Et nous qui allions sur Siberut pour rencontrer des gens coupés du monde moderne ! Quelle bonne blague !

On s´arrête et Robert grimpe dans un cocotier pour aller prendre quelques coco verde. En 3 coups de machette, il nous fait une petite ouverture dans le fruit. C´est délicieux ! 
Après que nous ayons bu tout le lait de coco, il coupe les 2 noix de coco en deux, et coupe en biais une petite partie de l´écorce, pour nous servir de cuillère pour manger la chair de la coco. Ingénieux !

Nous sommes en train de déguster tranquillement notre coco quand surgit (je dis bien surgir car on ne l´a pas entendu arriver !) un Mentawais habillé de façon traditionnelle. 
Enfin, habillé, c´est un bien grand mot puisqu´il ne porte en fait qu´un petit pagne végétal marron, qui passe entre ses fesses, des colliers de perles, un bandeau, des bottes en caoutchouc (seule concession au monde moderne) et … des tatouages foncés sur tout le corps. Impressionnant.

Il s´appelle Aman Grey Sic (Ca ne doit surement pas s´ecrire comme ca, mais bon, on fait ce qu´on peut !) et sera notre « cuisinier » pendant le trek (pas de larves au menu, on espère …). 

On remonte tous en pirogue et après 30 minutes, on fait un nouvel arrêt à un village dit « gouvernemental ». Ces villages ont des maisons proches les une des autres, des chemins bétonnés, une école, une épicerie …

Bref, pas vraiment ce à quoi nous nous attendions. En fait, Ed nous rassure. Ce village est juste une halte car on se rend dans la maison des parents de sa femme pour qu´elle puisse prendre des affaires pour le trek. 
Les villages où nous allons dormir sont complètement dans la jungle, sans commodités, et ne sont composés que d´une maison.

On remonte une nouvelle fois en pirogue. C´est incroyable comme le paysage nous fait penser à l´amazonie (enfin, les images vues dans les reportages, nous n´y sommes jamais allés!) : une eau opaque, marron (on y tramperait pas la main !), des berges boueuses, et de part et d´autre une végétation touffue et luxuriante. 

La pirogue emprunte une petit canal perpendiculaire à la rivière, mais la végétation est très dense et le bateau progresse lentement. 
De plus, le niveau de l´eau est trop bas et le bateau touche le fond. Ed, Robert et Aman Grey Sic en descendent et poussent le bateau. Rapidement, Frederic et Vincent font de même … Puis Edda et moi …

Mais il n´y a vraiment pas assez d´eau à cet endroit. Ed nous dit qu´on va continuer à pied jusqu’à la maison, en prenant les vivres avec nous. L’aventure commence !
Il faut nous voir, les pieds dans l´eau, chargés, remontants sur la rive boueuse, s´enfoncant parfois dans la boue … La plus à plaindre est Edda qui porte les oeufs. Grande responsabilité !

Ed n´a pas menti, nous sommes en 20 minutes à la maison, qui fait office de village car chaque maison regroupe un clan, c´est à dire une famille au sens large du terme. 
Il s´agit d´une grande maison en bois, au toit de chaume. On y grimpe en marchant sur un tronc d´arbre car elle est surélevée, les porcs se baladant dessous.

La première partie est faite de bambous, avec 2 longs troncs de chaque côté qui servent de corde à linge. Puis c´est la partie « salon » où se trouve tout le monde et dont les parties externes presentent des bancs. Plus a l’interieur, il y a « la cuisine » avec les pierres et le feu. 
Enfin, un mur et une porte permettent d´entrer dans une pièce centrale, la seule « fermée » qui sert de chambre et de garde- manger.

Un petit tour à la rivière pour se laver ne nous fait pas de mal après les 3 jours passés sans se laver dans le bateau …

Le soir, les Mentawais nous observent. Les hommes viennent nous demander des cigarettes. Ca nous fait un peu bizarre …

Pour la nuit, on nous installe des nattes en bambou sur le sol, sur un mini- matelas en mousse, une petite moustiquaire et le « lit » est prêt ! Nous dormons tous très mal cette nuit là : l´inconfort de dormir sur le sol, les bruits des gens (les vieilles personnes qui toussent, les bébés qui pleurent …), les bruits inquiétants de la jungle et ceux des porcs qui mangent et grognent toute la nuit (ils ne s´arretênt donc jamais) …

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